Partager l'article ! La valériane : Plante médicinale calmante et sédative (stress, nervosité, angoisse et anxiété anxiolytiques). Insomnie, irritabilité, état dé ...
La valériane est une plante calmante et sédative efficace dans les cas de stress, de nervosité, d’angoisse et d’anxiété (anxiolytiques).
La valériane est bénéfique dans le traitement de substitution aux médications tranquillisantes chimiothérapiques.
Très commune en Europe, la Valériane est aussi connue sous le nom d'Herbe aux chats, à la femme meurtrie, à la femme battue, de Saint Georges, aux coupures, voire Guérit-tout. On appelle également Valériane, le Centhrante rouge ( Centhrantus ruber) qui appartient à la même famille des Valérianaceae et que l'on connait sous le nom vernaculaire de Lilas d'Espagne.
La Valériane(Valeriana officinalis) est une plante herbacée vivace par une souche verticale brune, aux racines épaisses, des sols frais et humides. Sa tige creuse cannelée peut atteindre 2 mètres de hauteur. Elle porte des feuilles opposées, composées de folioles plus ou moins larges. Les fleurs blanches ou légèrement rose pâle violacé sont disposées en ombelles. Elles apparaissent au mois de mai. Le fruit est un akène ovale couronné d’une aigrette plumeuse, permettant sa dispersion par le vent
Pour les populations Antiques, plusieurs espèces de Valérianes à racines odorantes étaient utilisées. Dans les régions montagneuses du nord de l’Inde pousse une Valerianaceae à racine odorante, le Jatamansi (Nardostachys jatamansi), également appelée « spicnard ». Anciennement, cette plante était nommée Narada ou Nalada en Sanskrit. Ce nom est à l’origine du mot nered, en Hébreux, désignant la plante et de nardos en grec qui servait à nommer des parfums obtenus à partir de plantes odorantes. Le mot Nard désigne alors plusieurs plantes odorantes. Le « nard des montagnes » celui de Valeriana tuberosa, le « nard celtique » V. celtica, le « nard sauvage » est l’Asaret et le « nard d’Italie », la Lavande aspic. Le nard est alors une matière onéreuse servant à parfumer la chevelure féminine.
Une espèce de Valériane était employée dans la médecine égyptienne dans le traitement des douleurs utérines et des affections cardiaques. Pline laa citait « comme remède des contractions nerveuses et des spasmes du pharynx». Au Moyen-âge, la racine de Valériane de montagne cuite dans du vin est employée comme diurétique et « comme lénitif dans les affections des maladies de poitrine et pour nettoyer la matrice d’humeur superflue ». Plusieurs auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècles la considèrent comme « spécifique de l'épilepsie ». Au tout début du XIXe siècle, des auteurs montrent que : « 1g de suc de racine de Valériane fraîche, administré à un animal détermine une excitation nerveuse suivie d’assoupissement avec diminution de la sensibilité et des contractions cardiaques, accompagnée d’une baisse de la tension artérielle ». (1) Il est aussi noté que l’alcaloïde joue un rôle important dans ces activités, « il exerce une action dépressive et paralysante des noyaux du pneumogastrique et s’étend sur tout l’axe cérébro-spinal ». (2)
Aujourd'hui la phytochimie de la racine de Valeriana officinalis est connue. Elle est composée de plusieurs groupes chimiques, qui semblent jouer un rôle synergique dans son activité sédative. Le rhizome de Valériane contient des composants volatils, des acides terpéniques (acide valérique) et des esters terpéniques (valépotriates). Agissant en synergie, tous ces composants confèrent à la Valériane une réputation de plante calmante efficace dans les cas de stress, de nervosité, d’angoisse et d’anxiété.
Découverts dans les années 68-69, les valépotriates ont été considéré comme les seuls responsables de cette activité. Mais les valépotriates sont des composants instables, ils se dégradent à une température supérieure à 40°, sont détruits par les acides au-delà d'un pH 3 et par les alcalis à un pH supérieur à 11. Ce qui explique que les racines de Valériane offertes dans le commerce, ont un taux de valépotriates très faibles (0,1 %, au lieu de 0,5 % dans la racine fraîche). De plus, le titre en valtrates diminue rapidement à la dessiccation. Les auteurs préconisent une conservation sous vide et une température inférieure à - 5°, pour conserver un taux de valépotriates de 85 %, exprimé par rapport à la racine fraîche. La teneur maximale en ces composants est effective au printemps. (3)
Sur un plan pharmacologique, il est évident que les valépotriates participent à l'action sédative de Valeriana officinalis, valtrate et isovaltrate montre une action similaire aux thymoleptiques, en agissant sur la perturbation du tonus émotionnel. Le dihydrovaltrate, lui, inhibe les impulsions de l'hippocampe, comme les benzodiazépines (4) et montre une affinité pour les récepteurs benzodiazépiniques périphériques et les barbiturates récepteurs.(5)
Dans cette action sédative, participent également les acides terpéniques et notamment l'acide valérénique qui, selon (4) inhibe les enzymes responsables de la dégradation du GABA et exercent une action agoniste sur les récepteurs sérotoninergiques 5-HT5a. (6)
D'autres études révèlent que certains constituants de cette plante sont capables d'activer l'acide glutamique, l'enzyme de synthèse du GABA, d'inhiber la recapture du GABA par les cellules gliales et les neurones et de réduire l'activité de la GABA-transaminase. Tous ces effets tendent à potentialiser le tonus GABAergique et peuvent ainsi expliquer, au moins partiellement, les propriétés sédatives et anxiolytiques de la Valériane officinale.
Le GABA ou acide gamma-amino-butyrique exerce une diminution de l'activité neuronale, c'est le principal neuromédiateur inhibiteur cérébral. Présent dans tout le cerveau, il régule les autres systèmes de transmission nerveuse. Dans l'anxiété, le GABA joue un rôle prépondérant. Des expérimentations animales ont montré que le blocage ou la diminution de son action inhibitrice normale provoque un état d'anxiété, une hyperexcitabilité, des convulsions et peut même entraîner la mort. (7) En empêchant la dégradation de l'acide gamma-amino-butyrique, l'acide valérénique maintient son activité neuronale.
Des travaux ont montré que pour une action inductrice du sommeil, il était nécessaire d'avoir la fraction alcaloïdique et l' a-méthyl-pyrryl-cétone. (8)
Dans des conditions médicinales optimales, la racine de Valériane favorise un sommeil plus profond et plus réparateur en cas d’insomnie, d’irritabilité ou d’état dépressif. Elle est particulièrement active, dans les cas de réveils nocturnes vers 3 h du matin. La Valériane exerce également une action antispasmodique de type musculotrope principalement due aux valépotriates et est bénéfique dans le traitement de substitution aux médications tranquillisantes chimiothérapiques.
Cependant si ces actions sont bien réelles, elles peuvent être aléatoire selon les formes galéniques employées. En effet, dans certaines préparations extractives à l'alcool (teinture- alcoolature), les valépotriates sont dégradés en acide libre et en baldrinal. (9)
La Valériane est aussi une aide dans les cures de désintoxication tabagique où elle donne un goût désagréable au tabac et calme les irritabilités consécutives au sevrage.
D’une innocuité absolue,
la Valériane n’engendre
aucune accoutumance
et ne
provoque
aucun effet secondaire
(type
somnolence diurne)
et peut être utilisée en cure d’environ 3 semaines.
Alain Tessier
Ethnobotaniste
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FORMES D'EMPLOI et POSOLOGIE
· Action sédative :
- Décoction de racine fraîche 10 grammes / litre, 1 litre / jour
- Décoction de racine sèche 15 grammes / litre, 1 litre / jour
- S.I.P.F. 1 cuillerée à café 2 fois par jour
· Action antispasmodique :
- Extrait sec alcoolique 0,50 à 1,50 gramme / jour
- Extrait fluide 1 à 3 gramme / jour
- Teinture officinale 100 à 200 gouttes / jour
- T.M. 50 gouttes 2 à 3 fois / jour
BIBLIOGRAPHIE
(1) G. Pouchet et J.Chevalier. Action physiologique du suc de Valériane sur le cœur et sur la circulation. Bulletin de thérapeutique. 1905.
(2) J.Chevalier. Action pharmacodynamique d’un alcaloîde et d’un glucoside retirés de la racine de Valériane fraîche. Bulletin de thérapeutique. 1907.
(3) J.P. Chapelle et A. Denoel. Plantes médicinales et phytothérapie. 1972. 6. Vol 2. pp 91-105
(4) P.J. Houghton. Journal of ethnopharmacology. 22. 1988. pp 121-142.
(5) T. Mennini and al. In vitro study on the interaction of extracts and pure compounds from Valeriana officinalis roots with GABA, benzodiazépine and barbiturate receptors in rat brain. In Fitoterapia. Volume 64. N°4. 1993. pp 291-300.
(6) Birgit M. Dietz, Gail B. Mahady, Guido F. Pauli and Norman R. Farnsworth. Valerian extract and valerenic acid are partial agonists of the 5-HT5a receptor in vitro. Molecular Brain Research Volume 138, Issue 2 , 18 August 2005, Pages 191-197
(7) E. Bacon et F. Viennot. La chimie de l'anxiété. La recherche N° 238. Décembre 1991
(8) J. Broncano et Coll. Plantes médicinales et phytothérapie. 1984. 18. Vol 3. pp 175-180.
(9) L. Bézanger-Beauquesne et coll. Plantes médicinales des régions tempérées. Maloine 1990