Partager l'article ! Dermites Végétales allergiques et toxiques : suc irritant et plyctènes - action vésicante - hypersensibilité - éruption eczématique, prurigineu ...
LES DERMITES VEGETALES
Avec les beaux jours, l'appel de la campagne est souvent irrésistible pour les citadins que nous sommes. Une promenade familiale à la campagne est très agréable et permet de se ressourcer. Mais si nos ancêtres étaient en contact étroit avec la nature et le monde végétal qu'ils connaissaient parfaitement, l'homme de la civilisation du béton n'a plus ce savoir et cette méconnaissance peux être source de bien des désagréments.
Certes, tout le monde connaît les piqûres provoquées par les ronces et les épines ainsi que les brûlures des orties, mais ce qui est moins bien connus, ce sont les dermites inflammatoires et prurigineuses, appelées dermites de contact, provoquées par certains végétaux.
Ces dermites de contact ou phytodermatoses agissent selon deux types de mécanismes, et l'on distingue : les dermites toxiques et les dermites allergiques.
1. LES DERMITES TOXIQUES.
Les lésions de ces dermites sont causées par l'action caustique, vésicante ou urticante de substances contenues dans certains végétaux. Les premiers responsables, sont les "vulgaires Bouton d'or". Ils apparaissent dès le début du printemps et couvrent les prés encore humides d'une belle parure dorée, tentante pour des mains citadines. Or, ces plantes contiennent un suc irritant et vésicant libéré par le broyage ou la cassure des tiges et des feuilles. Ce suc peut provoquer des plyctènes ou bulles, sur les surfaces de contact. Si, malencontreusement, l'enfant porte la tige à sa bouche et la mâchonne, ce sont alors les lèvres et la face qui vont se couvrir d'éruption bulleuse. Mais les "Boutons d'or" ne sont pas les seuls à avoir ce privilège. Certaines espèces d'Anémones ou de Moutarde peuvent causer des maux similaires. Il en est de même pour la Clématite sauvage, particulièrement abondante dans certaines haies de nos régions. La Clématite, autrefois appelée "herbes aux gueux" est connue pour son action vésicante qui lui à d'ailleurs value son surnom. Pour faire plus vrai et pour mieux inspirer la pitié, certains mendiants des siècles passés se frottaient les mains, les avants bras et le visage avec le suc de Clématite. Ainsi, plein de cloques et de rougeurs tuméfiées, ils incitaient à la pitié les passants qui ne manquaient pas de mettre la main à leurs goussets pour verser leurs oboles à ces pauvres hères " bien malades". D'autres végétaux, comme les Euphorbes, espèces considéré comme "mauvaises herbes" des jardins provoquent les mêmes effets.
2. LES DERMITES VEGETALES ALLERGIQUES.
Ce sont des dermites fréquentes. Le mécanisme de ces dermites est immunologique, c'est une réaction d'hypersensibilité. L' allergène sécrété par le végétal traverse l'épiderme. Mais tous les sujets ne sont pas pareillement sensibles. Il existe de nombreux facteurs individuels, génétiques ou acquis qui viennent moduler la réaction, de plus la partie en contact, selon l'épaisseur de la peau, joue, aussi, un rôle. Ainsi les mains, le visage et les avant-bras sont les parties les plus exposées. Mais contrairement à la dermite de contact, la lésion résultant d'un allergène, dépasse nettement la zone de contact et peut même se généraliser. Quelquefois, un contact ne suffit pas et des manipulations répétées du végétal sont nécessaires. L'aspect clinique est celui d'une éruption eczématique, prurigineuse, bulleuse, avec un oedème important, surtout marqué dans la zone de contact. L'éruption débute 24 à 48 heures après le contact par un érythème et un prurit. Ce type d'allergie est bien connu des jardiniers et des fleuristes, mais moins des citadins ou des jardiniers amateurs. Les végétaux incriminés appartiennent souvent à la même famille botanique, il en est ainsi des composées que les botanistes appellent maintenant Asteracées et des Primulacées. Dans les Asteracées, les camomilles, les arnicas et les calendulas peuvent être responsables d'allergies. Dans les Primulacées, la primevère ornementale (Primula obconica) est particulièrement allergisante, sans que les primevères sauvages en soient exclues, chez des sujets particulièrement sensibles. D'autres végétaux comme les tulipes et les lys sont, aussi, quelquefois responsables d'allergies. Quelquefois, le contact direct avec le végétal n'est pas obligatoire, des dermites aiguës peuvent survenir après un contact avec un outil, un objet ou un animal ayant lui même été en contact avec l'allergène.
La prophylaxie générale de ces allergies vise à supprimer le contact mais surtout apprendre à reconnaître la plante responsable pour ainsi l'éviter. Cependant, en cas de contact risqué ou de sujet particulièrement sensible, un bain à grandes eaux et un savonnage important peuvent en limiter les risques. En cas d'allergie déclaré, des traitements homéopathiques appropriés peuvent apporter un soulagement rapide. Les fleuristes ou les jardiniers qui manipulent régulièrement ces végétaux allergisants peuvent aussi bénéficier d'un traitement homéopathique adapté qui permettra la désensibilisation à la plante.
Alain TESSIER
Ethnobotaniste
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