Phytothérapie : surcharges pondérales et troubles nerveux
Les troubles du sommeil, du rythme cardiaque et de pression artérielle
, de la perception de la douleur, des capacités d'apprentissage, de l'attention et la mémoire, de la migraine, des troubles du comportement alimentaire ou sexuel, de l’agressivité exacerbée, d'état dépressif ou de dépression : des réponses avec la phytothérapie
Surcharge pondérale et Phytothérapie
Manger pour combler un vide
Manger pour se protéger
Pressions au travail, tensions au foyer,
Les sources de troubles physiologiques ne manquent pas et chacun y fait face à sa manière. L'alimentation sert alors de réconfort ! Limiter la nourriture dans le cadre d'un régime amincissant, sans envisager de traiter la cause de ses perturbations, paraît absurde. Par sa composition complexe, le végétal ne répond pas seulement à un effet "symptomatique" mais à une vision holistique du malade. Seuls êtres vivants à être enracinés, les végétaux, alliant terrestre et céleste offrent leurs potentiels de vie à notre fonctionnement physiologique et émotionnel ; les deux étant intimement lié.
Dans une consultation de surcharge pondérale, la "Phyto-aromathérapie", l'usage médicinal des plantes, pratiqué par un "auscultant" (ausculter et écouter ont la même étymologie : auscultare) s'inscrit dans la vision holistique de la médecine.
Les plantes des troubles nerveux
Dans ces troubles, deux neuromédiateurs jouent un rôle essentiel, la sérotonine et la dopamine.
La sérotonine :
Synthétisée à partir du tryptophane, la sérotonine est un neuromédiateur lié aux troubles de l'humeur et du comportement.
Elle intervient dans de multiples fonctions : alternance de veille et de sommeil, le comportement sexuel et la prise alimentaire ainsi que sur le rythme cardiaque, la perception de la douleur, la température corporelle, ou encore les capacités d'apprentissage, l'attention et la mémoire. Lorsque certains circuits de neurones libérant la sérotonine fonctionnent anormalement, des troubles apparaissent : migraine, trouble du comportement alimentaire ou sexuel, agressivité exacerbée ou état dépressif. Une baisse de sérotonine peut entraîner un état dépressif ; à l'inverse, les inhibiteurs de la recapture, qui augmentent la concentration extracellulaire en sérotonine, combattent les états dépressifs. (1)
La dopamine :
Synthétisée à partir de la tyrosine, la dopamine est associée au comportement, en créant un terrain favorable au désir et au plaisir. Le taux de ce neurotransmetteur est faible dans les cas de dépressions, ce qui se traduit par une diminution de l'activité et de la motivation.
Pour augmenter le taux de sérotonine, il suffit d'augmenter celui des précurseurs, en l'occurrence la 5-HTP ou tryptophane (oeufs, lentilles, petit épeautre...).
Griffonia simplicifolia
Elle contient un précurseur de la sérotonine
Le Griffonia simplicifolia est une plante ligneuse de la taille d'un caféier qui pousse dans les zones tropicales d'Afrique, en particulier le long des côtes de l'Afrique de l'ouest et au Ghana. Elle appartient à la famille des Fabaceae ex Leguminosae. Ce sont les graines, récoltées à maturité, qui contiennent le 5-hydroxy-tryptophane (5-htp), une seule graine contient entre 3 et 7 % de cette molécule. Des études ont montré que le 5-HTP est non seulement un antidépresseur efficace, mais peut également contribuer à modérer l'appétit, un avantage pour les personnes qui ont besoin de perdre du poids. Le Griffonia simplicifolia provoque moins d'effets secondaires (bouche sèche ou diminution de la libido, que les antidépresseurs chimiques courants).
Certains végétaux alimentaire contiennent de la dopamine comme le pourpier (Portulacca oleracea), un légume oublié, ou la banane qui contient à la fois de la dopamine et de la sérotonine. D'autres aliments inhibent la dopamine, tel est le cas de l'ail et de l'oignon.
Aubépine
L'aubépine (Crataegus oxyacantha), encore appelée « Epine blanche » est un petit arbre de 2 à 10 mètres de hauteur. Ses branches, minces, fortement épineuses, portent des feuilles légèrement dentées comportant 3 à 7 lobes profonds. Elles sont vert brillant sur le dessus, un peu duveteuse au revers. Les fleurs aux pétales arrondies sont généralement blanches quelquefois rosâtres et embaument la campagne verdoyante du "joli mois de mai". La floraison de l'aubépine est éphémère et les fleurs doivent être cueillies en boutons ou au tout début de l'épanouissement. Le fruit qui apparaît vers la fin septembre est une petite drupe rouge à deux ou trois noyaux, la cenelle.
Les sommités fleuries d'aubépine contiennent des amines (dopamine, sérotonine, choline), des flavonoïdes et des acides phénols. Les amines et les dérivés phénoliques sont en quantité plus importante dans les extractions aqueuses. Ces formes sont plus actives, que les formes alcooliques, dans l'action sédative nerveuse et cardiaque.
Les extractions aqueuses des sommités fleuries d'aubépine ont un effet antispasmodique ainsi qu'une action sédative et hypnotique sur le système nerveux. Elles améliorent l'endormissement de l'individu stressé, soucieux, qui n'arrive pas à trouver le sommeil. Il commence à s'endormir, mais les battements de son propre cœur le réveil. Sa propre existence lui fait peur !
En infusion, les fleurs fraîches de l'épine blanche renforcent et ralentissent les contractions cardiaques, augmentent le débit des artères coronaires et diminuent la pression artérielle. Ces propriétés sont principalement dues à des molécules amines et à des hétérosides flavoniques. Les fleurs fraîches ont une teneur assez importante en ces composants mais leurs concentrations diminuent au cours du séchage.
L'aubépine n'entraîne pas de somnolence et peut donc être prise pendant la journée.
Passiflore
Originaire d'Amérique du Sud, probablement du Pérou ou du Brésil, Passiflora incarnata est une plante grimpante à vrilles de 6 à 9 mètres de longueur, acclimatée en Afrique du Nord et au sud de l'Europe. Aujourd'hui, elle est cultivée en Italie et en France où elle pousse sur les terrains secs, plutôt calcaire. Le genre Passiflora compte 500 espèces réparties dans le monde. La Passiflore (Passiflora cerulea), utilisée comme ornementale et le fruit de la passion (Passiflora edulis) qui aromatise les desserts, ne sont pas utilisés en thérapeutique.
Passiflora incarnata contient des alcaloïdes dérivés de la b-carboline (harmalol, harmaline et harmine), des flavonoïdes et du maltol, parmi ses principaux composants. Sur les troubles nerveux, la passiflore agit par plusieurs mécanismes distincts. Les coumarines diminuent l'excitabilité réflexe au niveau du système nerveux central. Les flavonoïdes exercent une action sédative sur le système nerveux central. Le maltol est un inhibiteur du système nerveux central et potentialise le sommeil induit par l'hexobarbital ; permettant un sommeil plus long et plus calme. (3)
Harmaline et harmine stimulent la production de sérotonine. L'harmalol exerce des propriétés agonistes du GABA. Le GABA ou acide gamma amino-butyrique exerce une diminution de l'activité neuronale, c'est le principal neuromédiateur inhibiteur cérébral. Présent dans tout le cerveau, il régule les autres systèmes de transmission nerveuse. Dans l'anxiété, le GABA joue un rôle prépondérant. Des études ont montré que le blocage ou la diminution de son action inhibitrice normale provoque un état d'anxiété, une hyperexcitabilité, des convulsions et peut même entraîné la mort.
Les anxiolytiques et antidépresseurs de la classe chimique des Benzodiazépines se fixent sur le complexe GABA A, et exercent une modulation positive, en facilitant l'action du GABA. En facilitant l'action du GABA, les beta-carboline de la passiflore (Passiflora incarnata) diminuent l'activité neuronale et ainsi l'anxiété et l'hyperexcitabilité.(2) De ce fait, la Passiflore peut aussi être utile dans le sevrage des patients sous traitement aux Benzodiazépines.
Des études cliniques ont montré que la Passiflore procure un sommeil équivalent au sommeil physiologique et permet aux patients d'affronter dans de meilleures conditions les événements qui se présentent à lui. Dans la journée, on observe moins d'irritabilité, moins d'anxiété. Passiflora incarnata a donc un certain intérêt dans le traitement des perturbations nerveuses liées au stress ; de plus, elle est bien tolérée par les enfants. (3)
Mélisse
Les feuilles fraîches, en infusion, ou les extractions hydro-alcoolique de Mélisse (Melissa officinalis), cette Lamiaceae voisine des Menthes, possède une activité sédative sur le système nerveux central et permet d'améliorer la qualité du sommeil. On a montré que la Mélisse avait un effet tranquillisant s'effectuant selon un mécanisme d'action comparable à celui obtenu avec les Benzodiazépines. Cet effet est dû à l'acide GABA, présent dans la plante. La Mélisse peut aussi être utile dans le sevrage des patients sous traitement aux Benzodiazépines.
Certaines plantes médicinales retardent la métabolisation de la sérotonine et de la dopamine.
Millepertuis
Son nom français Millepertuis et son nom latin perforatum viennent du fait que la feuille semble percée de mille petits trous (pertuis en ancien Français), lorsqu'on la regarde à la lumière. Très tôt on attribue au Millepertuis le pouvoir d'éloigner les esprits mauvais et certains l'appelaient même " Chasse-Diable", ou pour les esprits cultivés : Fuga daemonun (fuite des démons). Des travaux récents montrent que le Millepertuis possède une action contre la dépression, dont les causes sont nos propres «démons».
L'hypéricine, un pigment dianthrone, joue un rôle important dans l'effet antidépresseur du millepertuis. Il inhibe la monoamino-oxydase (IMAO), limitant la dégradation et la recapture de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline. Cette molécule inhibe également l'interleukine-6, une cytokine favorisant la production de cortisol, dont le taux sanguin est déjà élevé lors des dépressions. On peut supposer un effet global de normalisation des neurotransmetteurs impliqués dans la modulation de l'humeur.
Plusieurs études démontrent l'efficacité du millepertuis dans le traitement de la dépression légère à modérée par rapport à un traitement allopathique classique (immipraminique, inhibiteurs de la sérotonine (ISRS).
Toutefois, le millepertuis exerce des interactions médicamenteuses avec certains traitements allopathiques. L'utilisation de Millepertuis ne doit pas se faire sans l'avis d'un thérapeute compétant.
Dans les troubles nerveux ou les perturbations de l'humeur, la Phytothérapie bien utilisée, peut être un apport alternatif à un traitement chimique et un complément indispensable à un régime alimentaire de surcharge pondérale.
Formes d'emploi et posologie
Griffonia simplicifolia : 3 à 4 gélules / jour avec un grand verre d'eau.
Aubepine :
Infusion 10 g / litre (15mn) 250 ml 2 à 3 fois / Jour
S.I.P.F. 2,5 ml / 2 à 3 fois / Jour
Extrait sec aqueux (sédatif) 1 à 2 grammes / Jour
Extrait sec alcoolique (antispasmodique) 1 à 2 grammes / Jour
Extrait fluide 1 à 4 grammes / Jour
Macération glycériné de J.P. 50 gouttes 3 fois par Jour
T.M. 50 gouttes 3 fois par Jour
Passiflore :
Décoction* 5 grammes par tasse / 2 à 3 par jour
Extrait sec hydroalcoolique 0,20 à 0,3 / jour
Extrait fluide 1 à 3 grammes / jour
T.M. 100 à 200 gouttes / jour
S.I.P.F* 1 mesure / 3 fois par jour
Poudre 0,50 à 3 grammes / jour
Melisse :
Infusion de plante fraîche 5 grammes / litre (15 mn) 500 ml / jour
Infusion de plante sèche 10 grammes / litre (15 mn) 500 ml / jour
Extrait sec 1 à 2 grammes / jour
Extrait fluide 1 à 5 grammes / jour
S.I.P.F. 2,5 ml 2 à 3 fois / jour / EAU
T.M. 50 à 150 gouttes / jour
H.E. 2 gouttes 2 à 3 fois / jour
Millepertuis :
Décocté de sommités fleuries : 10 g / l ; 250 ml / jour
· Macération alcoolique : 50 gouttes dans de l'eau 3 / jour
· Extrait sec : 300 mg / jour
Alain TESSIER
Ethnobotaniste
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BIBLIOGRAPHIE
(1) M.H. Tiébot et M. Hamon. Un agent multiple : la sérotonine. In Pour la science. N° 221. Mars 1996. pp 82-89.
(2) E. Bacon et F. Viennot. La chimie de l'anxiété. La recherche N° 238. Décembre 1991
(3) L. Girre. La Passiflore. Monographie Pharmaco-clinique. Ed P. Fabre Santé.